E ela: e então o seu beijo na minha mão?!

É um palpite que eu cá tenho, meu caro, é um palpite (raramente me equivoco) que vai de encontro à sua vontade de pensar a política, por um lado, e de se aproximar do direito da bioética, por outro…, quer ouvir-me? Se me quer ouvir, prometa que não vai desistir dessa sua vontade de pesquisar de forma criativa; e, a este propósito (sorriu-se descaradamente), divirta-se com este video bem engraçado sobre o "modelo de criatividade" de Graham Wallas..., ainda se recorda deste modelo, pois não recorda?! Vi e diverti-me com o vídeo e olhei, absolutamente siderado (tantas são as coisas que ela sabe!) para a única fada (sentada enroscadinha num sofá branco atulhado de almofadas) e que se veste de azul quando quer ter razão; e, sem tem-te nem mas, disparei de supetão e sem cuidado: e o seu palpite é? Eu sabia, gargalhou, esse seu inconsciente é para mim um livro aberto; o meu palpite é que irá gostar muito de conhecer (primeiro) o pensamento político (do direito da bioética falamos depois, em “conversa de pé de orelha”, se me convidar para um fim de tarde perto da água) de um dos meus filósofos preferidos, o excelente Paul Thibaud: é filósofo, ensaísta, foi director da revista “Esprit” de 1997 a 1988 e foi presidente da “Amitié judéo-chrétienne de France” de 1999 a 2008; publicou (vai gostar de ler) “Fin de l´école républicaine” co-escrita com Philippe Raynaud (Calman-Lévy, 1994), e dirigiu a obra colectiva “Juifs et chrétiens face au XXI siècle” (Albin Michel, 2009). Tão entusiasmada ela estava que preferi ficar calado e com ar de quem quer ouvir mais (se o meu inconsciente é, para ela, um livro aberto, o melhor seria ficar calado). Enquanto os pés dela declaravam guerra às almofadas e se assenhoreavam do sofá, sugeriu-me que lesse uma entrevista com Paul Thibaud que ela me oferecia, de mão beijada; e, sussurrou, que, um dia destes (dia muito próximo, meu caro) poderíamos conversar de forma cúmplice sobre uma tema: será que, ambos, o pensamento político e o pensamento espiritual, abrem caminhos de esperança contra a ilusão e contra a resignação? Agradeci-lhe (e ela: e então o seu beijo na minha mão?!), despedi-me em prolongamentos deslumbrados, e agora vou ler a entrevista (mas que quererá ela insinuar quando exige que eu prometa que não vou desistir da minha forma de pesquisar de forma criativa, que será, que será?) ... Transcrevo de seguida, na íntegra, a mui interessante entrevista com Paul Thibaud.

Peut-on se passer de la politique?

Paul Thibaud:
Il y a bien sûr des ermites qui ont renoncé au monde et même, peut-être, des savants et des artistes complètement absorbés par leur oeuvre. Cela n'empêche pas que l'homme vit, qu'il s'est humanisé en groupe. C'est en groupe qu'il a acquis le langage et la distance avec sa vie qu'on appelle la conscience. Sortant de la vie brute, il s'est donné des règles qui, depuis que nous nous sommes émancipés de la tradition ancestrale et invariable, sont déterminées politiquement, donc débattues, plus ou moins largement.

L'homme serait donc un être politique?

P. T.
Depuis que nous sommes dans la modernité, l'humanité vit tournée vers l'avenir, l'invention dans tous les domaines. Qui plus est, cette inventivité se déploie à travers une pluralité de peuples dont chacun fraie sa propre voie parmi les autres. Cela fait deux raisons pour que nous soyons, plus que jamais, voués à la délibération, donc à la politique, et que la tâche de celle-ci soit difficile. Notre humanité étant à la recherche d'elle-même à travers l'histoire, à travers aussi une vaste interaction, les rapports avec nos semblables sont de moins en moins réglés d'avance. Dépendant de nos passions (désir, imitation, envie…), ils comportent une grande part d'obscurité, donc une part de mal et de violence que la politique, à l'intérieur comme à l'extérieur, doit affronter. A la différence de l'art, elle ne surmonte pas le mal, à la différence de la religion, elle ne promet pas d'y mettre fin, elle ne peut que l'affronter et chercher le moindre mal.

La politique, est-ce alors comme une éthique de vie, des valeurs à mettre en oeuvre? 

P. T.
La politique a pour horizon des valeurs universelles, la justice essentiellement, mais elle doit d'abord répondre à des exigences immédiates, le salut du peuple et son avenir. Ce que Max Weber a résumé dans des formules classiques, la politique est "goût de l'avenir", son éthique ne peut être qu'une "éthique de responsabilité". Ayant à faire avec une matière complexe et impure, la politique ne peut pas déduire ses choix de principes a priori. C'est dans une conscience vraie des situations que le politicien, comme le citoyen, découvre les valeurs qui sont en cause et qui doivent orienter ses choix. Sans la considération des situations, les valeurs abstraites peuvent être trompeuses parce que "déplacées", comme le pacifisme dans les années 1930. La politique nous apprend que l'action morale est au bout du vrai réalisme. Pensons à la formule de Jeanne d'Arc devant ses juges sur "la grande pitié du royaume de France" et à l'intrépidité que cette émotion lui a inspirée.

Trouvez-vous les politiques d'aujourd'hui moins réalistes et moins responsables? 

P. T.  
Désormais tout le monde se situe, au nom des droits de l'homme (qui ne sont plus ceux du citoyen), hors du politique, hors de la considération responsable du salut du peuples, s'autorisant au contraire toutes les pressions en faveur de la cause qu'il choisit. Et les institutions chrétiennes font un peu de même, ne parlant que des marges de la société (immigrés, exclus…), ignorant que ces questions sont insolubles si on ne renforce, si on ne refonde pas, ce qui est décisif et manque le plus, le vivre ensemble, la qualité du vivre ensemble, la fraternité.

Quel est l'homme politique ou le geste politique pour lequel vous avez une grande admiration?

P. T.
Affirmer son admiration pour tel ou tel peut prêter à d'infinies discussions. Mieux vaut se référer à certains gestes, certaines paroles qui se situent à l'articulation du politique et du spirituel, quand, à un certain niveau d'engagement personnel, ces deux champs se rapprochent comme les pôles d'un arc électrique. Côté politique, je pense à une parole "évangélique" du général de Gaulle devant ses fidèles en novembre 1941 à Londres : "Déjà, dans le service de la patrie, beaucoup se sont fait un coeur et un esprit nouveaux" : profondeur du politique ! Côté religieux, je pense au Cardinal Wyszynski en 1965-66, demandant aux catholiques polonais de pardonner aux Allemands. Démarche spirituelle, ce pardon a été aussi la voie d'une libération politique, parce qu'il a privé le pouvoir communiste de sa dernière prise (le ressentiment anti-germanique) sur l'esprit du peuple : efficacité du spirituel !
La séparation des pouvoirs religieux et politique est essentielle mais, toute confusion ou subordination étant exclue, cela n'empêche pas que le politique et le spirituel oeuvrent chacun de son côté dans le même sens : pour l'espérance, donc contre l'illusion et la résignation.

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